Alors que les directions achats sont promises à une révolution technologique rapide, le Club des Acheteurs de Prestations Intellectuelles a décidé de donner la parole à des experts dans le but de mieux comprendre les enjeux auxquels les achats seront soumis à l’horizon 2025. Découvrez le compte-rendu de leurs échanges.

Quels mots clés formulent le mieux les enjeux majeurs des achats en 2025 ? Telle est la question qui a été posée en début de séance aux participants de la dernière session du Club des Acheteurs, qui s’est tenue à Paris le 4 juillet dernier. Très vite, les idées fusent : « RSE », « éthique », mais aussi « RPA », « robotisation », « compliance »… La trentaine d’acheteurs représentés confirme une tendance : les innovations technologiques de rupture, la responsabilité sociétale et la conformité constituent 3 pôles autour desquels s’articulent les mutations actuelles.

Anne Tessier-Chenebeau, directrice commerciale de l’éditeur de solutions e-achats Synertrade, est la première de la matinée à prendre la parole. Elle présente 3 grands piliers sur lesquels reposeront les achats efficaces de 2025 : la transformation digitale et la projection dans l’industrie 4.0, l’innovation (à la source de nouveaux business models, notamment au travers de partenariats forts et élargis entre acteurs dans un contexte de co-innovation et de co-investissement entre le fournisseur et son donneur d’ordre) et enfin l’image de marque. « La gestion du risques fournisseurs devient toujours plus cruciale. Les réseaux sociaux et Internet provoquent une exposition permanente et accrue, et ont une influence directe sur l’attractivité de la société », complète-t-elle.

De plus, on se dirige vers un écosystème de plus en plus complexe à maîtriser. « Tout part donc de la data, ajoute-t-elle. La collecte et l’exploitation de l’information utile à un instant donné seront essentielles. Les environnements devront aussi davantage tenir compte de notions comme l’IT legacy, la cybersécurité. Les évolutions réglementaires au fil des années telles que la loi Sapin 2, le RGPD, ainsi que la gestion du risque fournisseurs sont autant de strates à maîtriser. » Le décloisonnement des services est également cité comme une évolution devenant une règle d’or pour plus d’efficacité : la relation avec les autres parties prenantes (DAF, DG, IT, départements juridiques) devient centrale.

Si la technologie joue un rôle clé dans la bonne conduite de ces évolutions, il subsiste aujourd’hui des réticences à adopter concrètement des solutions d’intelligence artificielle. Les outils qui font figure d’étape intermédiaire de transition sont les solutions de RPA (Robotic Process Automation) qui regroupent de multiples avantages en termes de d’automatisation (mises à jour des référentiels achats, des données fournisseurs, des relances, mises à jour des indices, taux de change…). « La RPA implique un accompagnement par l’entreprise des employés concernées par des tâches que prendra en charge la machine, pour les faire évoluer vers des tâches à plus forte valeur ajoutée », poursuit Anne Tessier-Chenebeau.

 

ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT

Dans la salle, plusieurs voix s’élèvent pour souligner un autre obstacle majeur : l’attractivité de la fonction achats. La mutation de celle-ci ne peut se faire qu’avec une prise de conscience globale de son rôle stratégique. « Dans les annonces d’emploi, on constate qu’elle n’est pas valorisée, qu’elle est sous-vendue, alors qu’elle occupe plus que jamais une position décisive et déterminante, au carrefour des problématiques de demain », regrette Isabelle Carradine, directrice responsable du conseil achats chez PwC.

Cette spécialiste de la prospective enchaîne ensuite avec d’autres notions primordiales pour mettre le futur des achats sur de bons rails. En se basant sur le baromètre 2019 de PwC, elle note qu’à l’heure actuelle « seuls 30 % des outils technologiques disponibles en entreprise sont réellement utilisés actuellement, alors que des ambitions fortes sont affichées par les organisations en matière de digitalisation. Il faut donc impérativement un accompagnement, des formations à l’appropriation, à l’acculturation des outils numériques innovants sans lesquels l’efficacité dans cette évolution est compromise. » Le baromètre 2019 de PwC nous apprend par ailleurs que l’efficacité opérationnelle, la croissance organique et l’innovation sont les 3 priorités mentionnées par les dirigeants.

« D’ici 2025, l’agilité dans les achats sera inévitablement le maître mot, notamment lorsqu’il s’agit de trouver la bonne compétence et la bonne prestation en réponse à ses besoins et ses enjeux », poursuit Franck Baiata, directeur France de la plateforme Freelance.com. Dans un contexte d’explosion du travail encadré par le statut d’indépendant, les achats de prestations se retrouvent dès lors au cœur des processus à optimiser.