L’achat de ressources externes est l’un des postes de dépenses les plus importants pour les entreprises et représente, chaque année, près de 2,7 trilliards d’euros en Europe. Si cette dépense augmente d’année en année, elle est encore mal pilotée par les directions des ressources humaines et les achats, ce qui peut avoir pour conséquences des surfacturations, l’existence d’un risque juridique, une dépense éparse et peu efficace ou encore une absence de contrôle des fournisseurs.

Dans l’entreprise, les populations susceptibles d’acheter des prestations intellectuelles sont nombreuses et vont des ressources humaines (conseil, formation, recrutement, coaching) à la direction générale (conseil, coaching) en passant par la finance (auditeurs, avocats/juristes, huissiers) ou la communication et le marketing (conseil, agences). Autant dire que tout le monde est concerné.

Intérim ou prestation ?

Mais entre un achat d’intérim ou un achat de prestation par exemple, les enjeux d’achats seront différents. Quand le premier nécessitera une grande vigilance dans le respect des contrats cadre, d’une traçabilité en cas de litige, d’une capacité à contrôler des factures complexes et à gérer la contractualisation électronique, le second impliquera une bonne gestion des appels d’offre, des imputations de coûts, de contrôle des risques de dérive et de bonne gestion des aspects contractuels.

Enjeux mais également contextes d’achat différents. Obligation de moyens pour l’intérim et de résultats pour les prestations mais cela ne s’arrête pas là car dans le cadre d’un achat d’intérim, la ressource sera sous la responsabilité du client (coefficient négocié) alors qu’elle sera gérée par le fournisseur dans le cadre d’un achat de prestations (prix du forfait négocié). Par ailleurs, les profils ne seront pas les mêmes : il n’y aurait ainsi que 10% de cadres en intérim, l’essentiel étant des cols bleus.

Le portage salarial progresse de 20% par an

Depuis le 21 juillet 2016 et la ratification de l’ordonnance du 2 avril 2015 dans le cadre la loi Travail (ou loi El Khomri), le portage salarial est reconnu comme un dispositif légal sécurisé. Solution simple et facile, cette pratique, qui séduit de plus en plus d’entreprises, permet de répondre aux besoins du moment, en faisant appel aux services d’une personne extérieure, sans recourir au recrutement. A la clé, de nombreux bénéfices pour l’entreprise : flexibilité, réactivité, productivité tout en gardant la maîtrise de son budget. Plus protecteur pour le consultant que le statut d’auto-entrepreneur (pas d’assurance responsabilité obligatoire, pas d’indemnisation Pôle Emploi, etc.) et moins risqué que l’entreprise individuelle pour le donneur d’ordres notamment en terme de dépendance économique, le portage salarial connaît une croissance de 20% par an et concerne 7 millions de salariés (portés) en Europe dont près de 63 150 en France. Les missions effectuées en portage salarial sont limitées à 36 mois (contre 18 mois maximum en intérim) et le motif du recours n’est pas obligatoire contrairement à l’achat d’intérim qui doit être justifié par un accroissement d’activité ou un remplacement dans le cadre d’un congé maternité par exemple.

Si ces nouveaux usages comportent des avantages mais également des inconvénients, ils ont encore de beaux jours devant eux car les entreprises, et notamment industrielles, ont revu leur business model depuis quelques années pour faire face aux nouveaux défis imposés par la tertiarisation, le big data, la robotisation ou encore les drones. Et face à des charges sociales qui ne diminuent pas ainsi que des générations Y et Z qui remettent en cause le salariat traditionnel, ces nouvelles formes d’emploi ne peuvent que se développer.