Comment se prémunir du risque au moment des appels d’offres ? Quelles précautions sont souhaitables voire indispensables pour donner à une collaboration les meilleures chances de réussite ? Ces questions étaient au cœur de la matinée du 28 mars organisée par le Club des Acheteurs de Prestations Intellectuelles.
En 2009, Toyota voit rouge. En raison d’un composant défectueux fourni par un sous-traitant, le constructeur japonais se retrouve contraint de rappeler 6 millions de véhicules. Un an plus tard, l’éruption d’un volcan islandais paralyse le trafic aérien au-dessus d’une large partie de l’Europe. Conséquence : l’Allemand BMW suspend la production dans 3 usines outre-Rhin, car l’approvisionnement de pièces en provenance des sous-traitants américains devient impossible. C’est par ces exemples marquants que Anne Tessier-Chênebeau, directrice commerciale de l’éditeur de solution achats Synertrade, a ouvert la matinée du Club des Acheteurs, le 28 mars dernier, consacrée à la gestion du risque lors des appels d’offres. Au programme : des illustrations concrètes et éloquentes des répercussions des dysfonctionnements d’un fournisseur sur l’ensemble de la chaîne de valeur en aval.
Ce que l’on retiendra de la matinée, c’est que le contexte actuel incite plus que jamais à la vigilance. En effet, sous l’effet des mutations technologiques, les paysages concurrentiels, les modes de travail, les moyens d’échanges et de communication connaissent de profonds changements. « A cela s’ajoutent les évolutions réglementaires et normatives. La loi Sapin 2, élaborée pour favoriser la transparence et lutter contre la corruption, le devoir de vigilance, ou encore la mise en application du RGPD, concernent directement les directions achats. Le risque fournisseurs en général doit ainsi être traité avec la plus grande rigueur », souligne Anne Tessier-Chênebeau.
ACTIONNER LES LEVIERS DÉCISIFS
Un monitoring efficace des risques passe par le recours à des tiers de confiance dont les services peuvent s’avérer déterminants. De tels partenariats ont pour effet de pouvoir recueillir aisément tous les documents légaux relatifs aux fournisseurs en question. Il s’agit par exemple d’agences de notation financière qui apportent une vision précieuse sur l’état des comptes et l’évolution de l’entreprise, mais aussi d’agences de notation extra-financière qui permettent l’obtention de données RSE.
Au-delà la simple conformité réglementaire, le rapport social mérite d’être approfondi sur certains points. La parité hommes / femmes en matière de revenus est une donnée qui n’apparaît pas nécessairement de prime abord. De la même façon, la moyenne d’âge des effectifs est essentielle à étudier : « si un grand nombre de salariés s’apprêtent à partir à la retraite dans un laps de temps assez court, il peut en découler un important problème de disponibilités des compétences. Un obstacle d’autant plus significatif dans le cas d’un partenariat de long terme avec le fournisseur », explique Rémy Peltier, directeur des achats de CNP Assurances.
A la nécessaire vigilance s’ajoutent des stratégies judicieuses pour les donneurs d’ordre, à l’image du recours aux prestataires faisant partie du Secteur du Travail Protégé et Adapté (STPA) qui couvre de vastes domaines d’activités. Des choix d’emblée synonymes de garanties solides sur un plan social.
L’implication des opérationnels en interne, dans cette démarche d’analyse des risques en amont, constitue un autre point clé souligné par Rémy Peltier : « seuls des échanges nourris avec eux permettent de bien comprendre les besoins et de cerner les profils de fournisseurs véritablement adaptés aux contraintes techniques. »